Chicago hebdo Maïs et soja montent sur des craintes météorologiques

Des conditions très humides et les nombreuses précipitations qui se sont abattues presque chaque jour cette semaine sur les plaines céréalières productrices de soja et de maïs, ont suscité une nervosité croissante parmi les investisseurs pour les cultures de ces produits, ce qui a fait monter leurs prix. « Même si les progrès des semis n'étaient pas tellement loin de la normale », les fermiers ayant en grande partie rattrapé leur retard initial, « les investisseurs craignent désormais que les semis sur certaines zones soient gravement endommagés en raison d'inondations persistantes dans les plaines », a expliqué Bill Nelson de Doane Advisory Services.

Davantage de fortes pluies sont prévues au cours du week-end, du nord jusqu'au sud du pays notamment dans l'Illinois, l'Indiana, l'Ohio, le Kentucky, le Missouri, l'Arkansas et le Tennessee, notamment, a-t-il précisé. « Les précipitations pourraient être jusqu'à 2 à 4 fois supérieures à la normale ». Et, « si certaines prévisions font état de conditions plus sèches la semaine prochaine », les fermiers qui n'ont pas fini leur semis au 1er juin, date après laquelle les plantations de maïs sont considérées comme susceptibles d'offrir des rendements inférieurs, pourraient choisir d'arrêter prématurément l'ensemencement, ont noté les analystes d'Allendale.

Impact de la découverte de blé tendre Ogm non autorisé dans l'Oregon

Le blé, pourtant en baisse sur la semaine dans la matinée, s'est hissé en territoire positif vendredi, « emporté dans le sillage du soja et du maïs, une céréale à laquelle il est étroitement lié en tant que nourriture interchangeable pour le bétail », a expliqué Rich Nelson d'Allendale. La céréale avait cependant entamé une lente descente depuis mercredi, à la suite de l'annonce par les autorités agricoles américaines (Usda) de la découverte de blé tendre blanc génétiquement modifié, non autorisé, en train de germer dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis). Cette annonce a provoqué une réaction quasi immédiate des Japonais, qui ont annulé une commande de 25.000 tonnes de blé tendre, l'archipel n'autorisant pas l'importation de blé génétiquement modifié.

Le Japon a une importance cruciale sur le marché américain : il était l'année dernière le premier importateur de blé américain, avec 3,5 millions de tonnes importées des Etats-Unis. « Les Japonais réagissent toujours très rapidement aux annonces liées à la qualité des produits » qu'ils importent, « comme on a pu le voir il y a une dizaine d'années dans la crise de la vache folle », a noté Bill Nelson, de Doane Advisory Services. « Il a suffi d'un cas pour ne plus vouloir du boeuf américain et l'on a mis des années à s'en remettre », a-t-il ajouté. Dans ce contexte, et sachant l'importance du Japon sur le marché du blé américain, « le marché craint que les Japonais mettent totalement fin à leurs importations de blé, ce qui aurait un impact considérable » sur les prix, a-t-il estimé.

« Cela pourrait créer un effet de contagion vers d'autres pays (...) et accentuer la pression sur les prix », a renchéri Frank Cholly de Rjo Futures. Le soja a par ailleurs pâti de craintes pour la demande chinoise, après l'annulation d'une commande importante de l'oléagineux américain. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet, le contrat actuellement le plus échangé sur le marché, a fini vendredi à 6,6200 dollars contre 6,5725 dollars à la clôture vendredi dernier (+0,7%). Le boisseau de blé à même échéance a clôturé à 7,0550 dollars contre 6,9750 dollars la semaine dernière (+1,1%). Le contrat sur le boisseau de soja, également pour livraison en juillet, a clôturé à 15,1000 dollars contre 14,7625 dollars (+2,3%).